Il fait bientôt nuit mais le ciel est encore clair. J'attends, épuisé d'avoir donné des coups de masses contre un mur, que les autres reviennent avec de quoi manger. Tout l'apres midi nous avons tappé comme des brutes sur des parpaings. Les sons de la masse et du lapidaire se taissaient juste pour que l'on reprenne notre souffle. Souffle que l'on entendait à peine tellement l'écho des outils semblai être le diapason de l'apres midi. Et puis là d'un coup je suis seul. Ils sont partis faire des courses. J'ai l'impression d'un grand calme. D'un silence profond où se détache les voix des gamins qui jouent à côté. Et petit à petit se mêlent d'autres voix à peine distinctes. Elles étaient déjà là avant, mais au fur et à mesure que je m'habitue au silence je les entends mieux. Comme quand on voit mieux dans le noir au fur et à mesure qu'on y reste. Et là je réalise que ce sont les voix des taulards de la prison d'à coté qui s'échangent à tue-tête, pour mieux s'entendre, des propos que je ne comprends pas, le tout lancé à travers leurs barreaux. Je suis épuisé d'avoir abattu un mur.